PDV de Jhu’.« Faites décoller l’avion et larguez les pains. Maintenant. »
Après tout, je n’ai pas besoin des Audacieux pour régner sur cette ville. Ils ne seront qu’un petit problème qu’on chassera vite-fait bien fait grâce à notre armée de Fraternels et de Sincères, qui sera bientôt faite. Bien sûr, il y aura les Divergents résistant comme Flamme ou d’autres, mais j’ai préparé quelques Érudits armés autour de la base Fraternelle qui devrait être bombardée d’un instant à l’autre. Ainsi, les survivants seront éradiqués. Malgré tout, j’ai demandé à mes forces de laisser Flamme en vie et de me l’amener ici, au siège Érudit. Cela fait si longtemps qu’elle me tape sur les nerfs que je veux la tuer de mes propres mains, je veux voir la vie quitter ses yeux. Un mince sourire se dessine sur mon visage et je ris doucement, conscient de mon machiavélisme. Je crois que je m’aime.
Devant moi, l’Audacieuse capturée – Angie, d’après mes dossiers – continue de me regarder avec une telle haine dans son regard que c’en est amusant. J’ai envie d’éclater de rire, mais je crois que mon sadisme doit quand même avoir des limites. Je réserve mes éclats euphoriques pour plus tard. Haza est derrière elle, c’est elle qui braque le pistolet dans la nuque de notre amie. Je m’approche de mon acolyte et prends le relai, tenant l’arme fermement dans ma main. Je la contourne pour venir braquer l’engin sur son front. C’est dommage, elle ne connaitra jamais mon rire machiavélique. Je suis triste pour elle. Je lui fais un sourire navré tout en enclenchant la détente.
Adieu, Angie, m’esclaffai-je mentalement.
Et je tire.
+++
PDV d’Angie.Je sens le canon froid se braquer sur mon front. Maintenant, c’est la fin. Je vais mourir.
Mourir.Soudain, je me rappelle de mes cours de self-défense lorsque je venais d’arriver au sein de ma faction. Mon mentor m’avait donné des cours particuliers, étant donné que je voulais tout savoir sur le combat. Etre capable de survivre dans de telles situations. Il m’avait alors conseillé de me baisser brusquement et de retourner le pistolet contre mon agresseur. J’avais acquiescé, presque distraite. Je n’aurais jamais deviné me retrouver dans cette situation. Mais être Audacieux signifie vaincre ses peurs. La mort fait peut-être partit de la vie, mais c’est trop tôt pour qu’elle entrave la mienne. Je ne la laisserai pas faire.
J’entends Jhu armer le pistolet et je compte mentalement dans ma tête.
1.
2.
3.
Au moment où je sens le coup de feu arriver, je me baisse vivement et dévie la trajectoire du pistolet. Me souvenant de mon apprentissage, je donne un coup dans le tibia à mon agresseur, et il titube vers l’arrière en poussant un grognement. L’arme est envoyée balader quelques mètres plus loin, et je me précipite dessus, mais les gardes sont déjà sur moi. Tant pis. Je ferais mieux de m’enfuir, ce combat est perdu d’avance. Je jette un dernier regard flamboyant à mon ennemi, puis je fais demi-tour et m’enfuit en courant, consciente des bruits de course derrière moi et de Jhu qui rugit :
« Ne la laissez pas s’échapper ! »
Le sang me bat aux tempes. Je prends un virage serré à droite, me retrouvant dans ce labyrinthe de couloirs blancs. Je me croirais dans un hôpital. Des coups de feu retentissent derrière moi, et je pique un sprint, mes pieds nus éraflant la surface froide du sol. Enfin, au bout de quelques couloirs, je déboule dans le hall d’entrée où je me dirige droit sur la sortie.
Pan ! Une balle passe en sifflant à côté de ma tête, et je comprends avec une seconde de retard que j’ai failli mourir.
Pan !Un second tir résonne dans la salle d’entrée, suivie d’une violente douleur à la hanche quelques centièmes de seconde après qui me fait ralentir. Je continue de courir. Ma vie en dépend. J’ignore la douleur lancinante de mon ventre et je fais un effort, puis franchis la porte d’entrée. Désorientée, je me dirige vers la droite et chancelant. Je n’entends plus rien derrière moi. J’ai du les semer. Je me réfugie derrière un mur et j’expire longuement avec difficulté.
Soudain, des mains froides me plaquent contre le mur, et je lève la tête en hoquetant de surprise. Je reconnais celle qui travaille avec Jhu et qui me visait, tout à l’heure - Haza. J’essaye de m’extirper de sa poigne, mais je suis blessée et elle en pleine forme. Elle baisse les yeux vers ma blessure, grommelle quelques mots et me souffle à l’oreille.
« J’suis pas venue ici pour te tuer, me dit-elle. Alors dépêche-toi de déguerpir, sinon j’te jure que cette fois j’hésiterais pas. »
Je la dévisage avec stupéfaction. Était-elle sérieuse ? Me sauvait-elle vraiment la vie ? Elle plonge son regard dans le mien comme pour me prévenir, puis me relâche et disparaît derrière le mur. Sans réfléchir, je reprends ma course tant bien que mal, clopin-clopant. Je sais que je n’arriverais jamais à rentrer au siège avec une telle blessure, alors au bout d’une dizaine de minutes, je tombe sur un immeuble en ruine, pareil à celui dans lequel je m’étais réfugiée plus tôt ce matin. J’entre et me laisse glisser au sol. Je sors mon téléphone portable de ma poche, et compose un numéro. Collant le combiné à mon oreille, j’entends une voix étouffée me répondre :
« - Allô ?
- C’est Angie… Échec de la mission. »
Pas de réponses. Queeny sait autant que moi ce que cela signifie. Malgré tout, je murmure avant de sombrer :
« Il ne nous reste que l’espoir. »